Réflexions sur la transmission orale dans la Gymnastique Holistique – Ehrenfried

Les praticiens de la Gymnastique Holistique-Ehrenfried,  nous transmettons  dans nos cours un savoir-faire que  la transmission orale assure depuis des générations.

Il s’agit d’un travail corporel basée sur des mouvements gymniques transmis et enrichis depuis nos aînés jusqu’à nos jours.

Ce travail sur le corps permet à chaque participant à devenir vivant et conscient en tant qu’être. Ce cheminement vers soi  et vers l’autonomie, nécessitent un «  lâcher prise », un abandon des habitudes de « faire » et « ne pas faire » ; en laissant le silence s’installer dans le corps et le mental, les tensions musculaires  responsables des crispations et des douleurs lâcheront.

Dans un endroit sécurisé agréable, l’élève est doucement  guidé par la voix calme du praticien Ehrenfried, qui phrase par phrase, va l’inciter à observer s’il respire dans telle ou telle partie du thorax, si le bassin est lâché, si la charnière sous-occipitale est libre, si sa mâchoire est détendue. Ainsi d’une partie corporelle à une autre, l’élève traverse des espaces physiques pour venir « écouter », en toute tranquillité, son espace intérieure. Cet aller- retour entre espace physique corporel extérieur  et espace psychique intérieur  permet au cours du temps  des changements physiques et du comportement. Ceci amène l’élève à discerner ce qui est bon pour lui et lui permet abandonner tout ce qui est nocif pour traverser plus facilement sa vie.

L’invitation orale d’aller plus loin dans ses mouvements et la stimulation implicite d’oser plus en fonction de ses possibilités, vont créer cette espace nécessaire chez les élèves à la transformation.

La transmission orale pure est à l’œuvre, crée des espaces de liberté et de créativité à la fois  pour le praticien Ehrenfried et pour l’élève. Il y a presque cent ans que Lily Ehrenfried[i] – pas encore médecin  –  a appris ce travail auprès d’Elsa Gindler, qui elle-même l’avait reçu en héritage de Hedwig Kallmeyer. La transmission orale a pris ainsi une place prépondérante ; elle a le mérite de garder le travail Ehrenfried vivant.

Cependant elle-même a écrit un livre en 1956 : «  De l’éducation du corps à l’équilibre de l’esprit »[ii]. De plus,  de nos jours, la théorisation, la transmission écrite apparaissent de plus en plus importantes.

L’avantage de l’écrit est de fixer à une certaine date les observations des praticiens Ehrenfried : cela ne signifie pas les figer, bien le contraire.

 

[i] Lilli Ehrenfried encourage Elsa Gindler  en 1917 à ouvrir son propre cours de formation. C’est chez elle qu’elle se formera  en qualité de  professeur de gymnastique (elle fera  partie de la première formation de Gindler, Gindler ouvra ses premiers cours sur l’insistance de Lily Ehrenfried).

« Les cours de groupes d’Elsa Gindler m’intéressèrent  tellement que je (Lily Ehrenfried) lui demandai un jour si elle ne voulait  pas ouvrir elle-même sa propre école pour enseigner ce qu’elle avait découvert ? Elle me répondit «  Je suis une élève de Madame Kallmeyer et je n’ai pas le droit d’ouvrir ma propre école » « Mais vous en savez plus que Kallmeyer » lui répondis-je «  et j’ai confiance en vous ». Elle devint pensive. « Bon », dit-elle «  attendez jusqu’à l’automne, si je peux trouver d’autres jeunes femmes intéressées à ce projet, je le ferai » .Après les vacances d’été, elle m’informa qu’elle avait trouvé d’autres personnes intéressées, et elle commença l’enseignement.

 

Nous travaillions avec elle cinq fois par semaine pendant une heure et demi, et parallèlement nous avions des cours de dessin, où nous servions tour à tour de modèle les unes pour les autres, des cours d’exercices respiratoires et des leçons de chant avec Clara  Schlaffhorst et Hedwig Andersen. Durant cette année elle disait souvent « J’apprends avec vous ». Elle ne « montrait » pas – elle proposait  une tâche à accomplir et nous laissait trouver la manière d’y parvenir. Lorsque l’année fût terminée, nous lui demandâmes de continuer son enseignement. Elle accepta, tout en démarrant un deuxième groupe qui fût bien plus nombreux »

 

[Extrait de la lettre de Lily Ehrenfried adressée à Sophie Ludwig citée dans «  Elsa Gindler – von ihrem Leben und Wirken » p 32. « Elsa Gindler – de sa vie et de son œuvre ». Extrait traduit de l’allemand par moi-même. ]

 

[ii] EHRENFRIED, Lilli . (Dr.)  1956 (1er éd.) « De l’éducation du corps à l’équilibre de l’esprit»  Paris : Aubier Montaigne,  collection « La chair et l’esprit » 148 p. ISBN 2-7007-0196-8

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